Dispensée de danse pendant quinze jours… 

Je peux vous dire que lorsque le médecin me l’a annoncé, j’ai senti les larmes monter en moi et toutes sortes de questionnements envahir mon esprit. Mais comment je vais faire !? Je suis déjà à la ramasse donc perdre deux semaines de cours, comment je vais rattrapper mon retard !? Et qu’est-ce qui me garantit qu’après ces deux semaines il me sera possible de reprendre ? Le dilemme se pose..  Suivre la proscription du médecin et m’arrêter ou alors prendre le risque de continuer..

Après deux semaines de vacances de Noël riches en émotions, l’excitation d’une nouvelle année qui démarre, nouveaux challenges et surtout reprise des cours.

Ce second trimestre fût intense tant dans le cardio que physiquement. Mais puisque je suis aussi une adepte du “toujours plus”, j’ai enchaîné les cours du soir avec une routine du sommeil totalement décalée.

Alors que naïvement (ou par déni que sais-je) je pensais ignorer mes premiers signes de fatigue, voilà que mon corps me fait sa première piqûre de rappel – douleur à mon genou gauche. Ayant l’habitude et connaissant mon corps, j’applique le nécessaire : le combo glace, massage, crème anti-inflammatoire bref la totale quoi ! Après une semaine… puis deux, je constate aucune amélioration et même pire, que la douleur s’intensifie. Pas le choix, je décide de prendre rendez-vous chez mon médecin. 

Le jour se présente et le verdict tombe : possible tendinite, dispensée de danse pendant quinze jours, séances de kiné prescrites. “15 jours.. Oh Dieu, 15 jours !?” Ça pourrait sembler court mais je t’assure qu’à ce moment, ces 15 journées de repos sonnaient comme un mois d’arrêt.

Me voir rejoindre le banc des blessés (parce qu’à ce stade de l’année crois-moi qu’il y en avait) a fait remonter en moi un sentiment d’échec. Venir en classe passivement, en étant assise était la preuve manifeste que j’avais lamentablement échoué à mon principal devoir : préserver mon principal outil de travail, mon corps. Un second sentiment vint s’ajouter à l’équation, la culpabilité. 

Je ne vous cacherai pas que l’idée d’assister aux cours en parallèle de mes séances de kiné m’a traversé l’esprit. Puis je me suis rappelé qu’un danseur est un athlète. En y réfléchissant, est-ce que la finalité est plus grande que le risque ? Est-ce que ça vaut la peine d’ignorer les 15 jours de repos recommandés et de prendre le risque d’en avoir finalement pour plusieurs mois ? En suis-je réellement à cette étape de ma carrière où l’enjeu est aussi grand que le sacrifice ?

Autant dire que c’est avec amertume que j’accepte ma sentence et que je décide de faire le nécessaire pour me rétablir le plus rapidement possible. En parallèle de mes séances de kiné j’ai continué avec le combo messages, crème anti-inflammatoire et j’ai ajouté à ma routine la pose de masques d’argile verte (que je recommande fortement si nécessaire pour ses vertus anti-inflammatoires, cicatrisantes et antiseptiques).

J’ai alors réajusté ma routine du sommeil et bien évidemment j’ai cessé les cours du soir et dit bonjour à ma nouvelle copine, la chaise, celle qui m’a accompagnée toute les journées en cours de danse. Drôle de sensation que de faire partie des bras cassés. 

Malgré ma frustration, être sur la chaise m’a permis de prendre du recul sur plusieurs points. Le premier était que je réalisais que ma présence dans cette école n’était pas dû au fruit du hasard mais que je me trouvais exactement là où je devais être. Assister aux cours sans pouvoir danser  n’a fait que raviver la passion que j’éprouve pour cette profession que j’aspire à faire mienne. De plus, dans cette course effrénée, en quête de réussite, tout en ayant l’impression de stagner et galérer, je me suis rendue compte que mes collègues et moi partagions ces instants de doute que je prenais le temps de lire sur leur visage. Car ouaiiis, je me suis surprise à prendre le temps d’observer en dehors de ma bulle, celle que je m’étais créée et dans laquelle je me perdais … parfois. 

Après cette semaine de repos (forcé), mon Kiné m’annonce une bonne nouvelle: je peux reprendre les cours ! Quelle joie de pouvoir reprendre plus tôt que prévu, bien que cette expérience sur la chaise  fut enrichissante. Bien entendu, j’ai continué les séances de kiné en parallèle pour mon suivi. 

Écouter mon corps, être attentive à ses besoins et l’observer m’a permis d’éviter des récidives en adoptant une pratique plus consciente de mes mouvements, de mon énergie et de mon rapport au sol. Apprendre à connaître mon corps est passé par différentes phases dont je détaillerais un peu plus dans un article dédié. 

Pour me réapproprier mon corps et être alerte à ses signaux, j’ai dû lever le drapeau blanc et mettre mon égo en sourdine. Qui dit se réapproprier son corps c’est aussi une façon d’apprendre à le connaître et donc se connaître soi-même par extension. C’est une étape qui par moment peut sembler à la fois longue et fastidieuse mais qui en vaut la peine. 

Pour cette fois, j’ai fait le choix d’accorder du temps à mon rétablissement. Toutefois, il arrive que par moment, nous choisissons de fermer les yeux et de repousser les limites de notre corps malgré ses mises en garde. Puis, arrive le jour où celui-ci ne nous accorde plus le luxe de choisir. 

Est-ce qu’il pourrait y avoir du bon d’être blessé ? 

Hmm ce n’est clairement pas la meilleure des conditions pour un danseur (ni pour quiconque d’ailleurs). Par contre, c’est une occasion de prendre conscience de son corps en profondeur, en se concentrant sur la (ou les) partie(s) blessée(s) et en apprenant à les soigner. De même, être blessé peut amener à explorer de nouvelles formes de mouvement et à développer de nouvelles façons de s’exprimer. Sur le plan psychologique, une blessure amène de gré ou de force à développer une plus grande résilience, en apprenant à être patient et en acceptant les limites de son corps. Ce n’est pas la partie la plus facile mais elle reste tout de même nécessaire. 

Je ne pourrai conclure cet article sans rappeler que notre corps est notre principal outil (+++ si tu es danseur professionnel) et qu’il nous donne toutes les indications nécessaires à son fonctionnement. Bien manger, s’hydrater, dormir et prendre soin de soi sont des piliers pour maintenir notre machine en état. Je l’avoue, prendre de bonnes habitudes n’est pas toujours facile (c’est également un défi pour moi) mais elles sont essentielles pour prévenir les blessures.

Je vous partage cinq habitudes indispensables de mes routines pour préparer au mieux mon corps à l’effort. Je ne vous cache pas que pour certaines d’entre elles ce ne sont pas encore des automatismes mais je m’y attelle à ce qu’elles le deviennent :

1- Mes mini sessions d’échauffement avant l’effort ont pour but de préparer mes muscles et mes articulations. Je les couple à des sessions d’étirement après effort (et généralement en fin de journée) afin de maintenir ma flexibilité et détendre mes muscles.

2- Le renforcement musculaire, mon bon ami ! Au premier abord ce n’est pas la partie qui plait le plus mais parlons clairement, un corps préparé et fort est moins susceptible de se blesser. Intégrer le renforcement musculaire dans ma routine n’a pas été évident pour moi qui n’y avait pas l’habitude. J’ai donc commencé par des sessions quotidiennes de 15 à 30 min durant lesquelles je ciblais des zones en particulier soit les bras, les jambes ou les muscles du tronc.

3- Hydratation et alimentation équilibrée. Avant même de parler sport, manger bien et s’hydrater sont la base pour notre corps à la fois pour le maintenir en bonne santé, favoriser une récupération rapide et pour bien d’autres raisons encore. Mais bien évidemment, il faut dire que parmi les cinq c’est bien CETTE habitude qui n’est pas un automatisme pour moi. C’est la raison pour laquelle je mets en place des méthodes pour m’y aider. La première consiste à tracker au quotidien mon hydratation minimale (soit 1,5 L d’eau par jour). La deuxième consiste à anticiper en fin de semaine mon repas de la semaine qui va suivre. On connait hein !  Les moments où on se laisse tenter par le fast food du coin car flemme de savoir la veille au soir quoi préparer pour le lendemain. 

4-Le repos. À l’heure actuelle où on cherche à aller vite et à tout faire en moins de 24h, le repos est un besoin du corps trop souvent négligé. Je parle, je parle mais moi, oiseau de nuit (ouioui je fais partie de ceux et celles qui sont inspiré(e)s et actif(ve)s le soir) , j’ai dû adapter ma routine de sommeil avec le rythme de ma formation car il était évident qu’accorder le repos nécessaire à mon corps c’était m’assurer de lui offrir du temps à sa récupération et à sa régénération. 

5- Écouter mon corps. Je me répéterai souvent sur ce point mais, encore une fois, notre corps donne bien des signaux qui ne demandent qu’à être traités. L’apparition d’une douleur ou d’un inconfort n’est pas pas à ignorer et par moment consulter un spécialiste c’est aussi prendre soin de soi, se mettre en priorité et se donner du love. Bon je m’égare un peu sur un autre sujet (bien qu’il soit lié) mais la finalité reste la même. S’il y a bien une habitude que j’ai adoptée depuis cette expérience c’est le fait d’être vigilante à ce que mon corps me dit.

Selon ma vision, ces cinq points sur lesquels je travaille sont essentiels pour me tenir en forme. Toutefois, chaque danseur est unique, et si vous êtes sur le chemin d’avoir des routines qui vous permettent de vous préparer et vous préserver, il est donc important de trouver ce qui fonctionne le mieux pour vous et ça passera donc par une étape d’observation. Vous seul savez ce qui est bon pour vous et ce qui ne l’est pas. Votre corps est une machine incroyable mais c’est à vous d’en comprendre la notice pour qu’il vous amène là où vous souhaitez qu’il aille aussi longtemps qu’il le pourra et dans les meilleures conditions.

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