Une histoire d’ego ?

Alors que je revenais plus déterminée que jamais suite aux retours qui m’avaient été faits au dernier conseil de classe, je tombais à nouveau dans mes anciens travers. 

Nous apprenions une nouvelle base pour ce nouveau trimestre. 

“ Un kick puis un tour avec un enroulement de jambe”, m’étais-je dit, “ok…” 

J’essayais de comprendre. Je commençais doucement, très doucement, mais il y avait quelque chose qui clochait. “Mais pourquoi je recule au lieu d’avancer ?? Et comment ça, on enroule la jambe ??” 

À mes côtés, je voyais les autres qui se débrouillaient plutôt bien et moi qui galérais encore à capter quel pied était censé quoi faire. À croire que j’apprenais à marcher ! Les minutes passaient, on avançait dans l’exercice et je ne comprenais toujours pas. “Ce n’est pas si compliqué que ça…”, avais-je pensé ,“…si certains y arrivent pourquoi pas moi ?”. 

En fin de compte, j’échangeai avec une de mes collègues afin qu’elle puisse m’aiguiller. “Ok je capte, ce n’est pas fluide, mais j’ai capté”; en-tout-cas, c’est ce que j’avais cru… 

On enchaînait avec des routines autour de cette même base comme on avait l’habitude de faire, mais je constatais lamentablement que je n’y arrivais toujours pas, “et mon prof qui est là et ne me dit rien !! Pourquoi il se concentre sur les mêmes et me laisse galérer ????”

Ça commençait à m’agacer, je m’impatientais et la frustration me gagna. Encore une fois, tout le monde y parvenait, mais pas moi. J’avais beau me répéter intérieurement que j’étais la meilleure pour calmer l’amertume qui me gagnait, mais mes pensées convergeaient vers une autre direction. Je me sentais nulle, incapable et humiliée. Les larmes me montaient aux yeux, une boule se formait dans ma gorge, j’essayais de rester concentrée et de garder le cap, mais plus on avançait moins ça allait. 

« Oli, ça va ? » me demanda l’une de mes copines. Oh mon Dieu ! Mais pourquoi avait-elle posé cette question ? Je lui répondis que “non ”, agacée. Mes pensées s’affolaient et je n’avais plus la maîtrise de ce que je ressentais. Finalement, je craquai et je partis dans un endroit où je pouvais me retrouver seule. Les toilettes m’ouvrirent grand leurs bras (fallait bien que je place un peu de légèreté dans tout ce drama x)). Mes larmes eurent raison de moi mais je tentais de me concentrer sur ma respiration afin de retrouver mon calme. J’étais partagée entre l’idée de laisser le cours se terminer et celle de revenir finir ce que j’avais commencé. 

Je ne voulais surtout pas rester sur un échec, ça ne me ressemblait pas, alors je séchais mes larmes, respirais un bon coup et retournai en salle de cours. 

Mon professeur qui, sûrement comme certains autres de mes collègues, n’avait rien compris à la scène qui venait de se produire, me demanda avec un grand sourire ce qui s’était passé. Je lui répondis très brièvement « rien ! » ; dans l’idée qu’il me fiche la paix. “Non mais c’est vrai quoi ! Genre… Comme-ci ça l’intéressait alors qu’il m’avait laissée me ridiculiser avec son stupide exercice !”.

Bref, c’étaient les dernières minutes durant lesquelles nous allions être évalués et un sentiment de « je m’en foutisme » avait remplacé mon entêtement du début. Étonnamment, j’avais enfin compris cette fichue base et quand bien même il m’arrivait de faire des erreurs j’étais beaucoup plus à l’aise.

Je finis ce cours, échangeai avec mes copines sur ce qui s’était passé et enfin, je suis rentrée chez moi fatiguée et déçue de moi-même. 

Sincèrement, pourquoi m’étais-je mise dans cet état ? Que s’était-il réellement passé et par-dessus tout, quelles en étaient les véritables raisons ? 

Les sentiments négatifs que j’ai nourris sont apparus dès lors où j’ai commencé à me comparer aux autres. J’étais tellement concentrée sur le fait que je n’y parvenais pas que je me suis créé une image faussée de la situation. J’ai complètement mis de côté le fait que c’était normal ce que je pouvais ressentir et qu’être en situation d’apprentissage rendait vulnérable. En effet, être dans la position de celle qui n’y arrivait pas avait blessé mon ego. J’ai voulu occulter la sensation désagréable que je ressentais et montrer que moi aussi, je pouvais y arriver. 

Je n’ai pas sollicité l’aide de mon professeur (ce qui aurait probablement pu m’épargner bien des douleurs) car je me suis sentie outrée et peu valorisée qu’il ne me l’ait pas offerte de lui-même (comme s’il me devait quelque chose). J’ai interprété ce que j’avais défini comme de l’indifférence de sa part, comme une réponse au désespoir que mon cas représentait. Je ne m’étais pas rendu compte que je laissais parler mon ego. Je voulais y parvenir par moi-même et feindre d’être la meilleure alors que, non seulement, je n’y croyais pas, mais dès le départ, je ne savais même pas dans quelle direction aller. 

Pire encore, j’avais l’impression de devoir prouver quelque chose aux autres (ou à moi-même en fin de compte). “Mon prof ne me fait pas de retour ? Ben ok j’y parviendrais sans lui ! Les autres autour le font sans problème ? Ben moi aussi ! ” Sauf que, bien évidemment, à force de tirer sur la corde, qui était déjà sensible, celle-ci finit par céder. Dès lors où j’avais passé l’épisode des toilettes et étais revenue en cours en mode « je m’en fous », en acceptant le fait que je n’y arrivais pas du premier coup, sans m’en rendre compte sur l’instant, je m’étais enlevé un poids. Mon esprit était donc disponible pour intégrer les nouvelles informations. Je n’avais plus rien à prouver alors mon corps avait capitulé.

Au moment où je vous écris, cet épisode s’est passé il y a plus d’un an, mais j’avais envie de vous le partager dans le cas où ça pourrait servir. 

Avoir vécu ce trop-plein m’a obligé à mettre en lumière certaines pensées sournoises que je m’efforçais de taire; et en faire la rétrospection les jours qui ont suivi, ont redonné une neutralité à un événement que j’avais interprété. 

Des moments de frustration parce que je n’y arrive pas du premier coup, j’en ai encore, mais ma façon de les accueillir est différente. Premièrement, parce que je me suis habituée à l’idée, mais aussi parce que je me suis rappelée que si je prenais la peine de suivre une formation, c’était bien parce que j’avais des choses à apprendre et qu’il n’y avait aucun intérêt pour moi à savoir tout faire. La vraie question est, si j’avais été seule à prendre des cours particuliers, est-ce que je l’aurai vécu de la même manière ? Bien sûr que non ! Tout est parti du fait que je me comparais à mes voisins justement ! Dans une école où nous sommes essentiellement face au miroir en étant évalué au quotidien, ce serait malhonnête de ma part de dire que ça n’arrive plus. Par contre, je suis plus alerte aux pensées qui me traversent et j’ai fait la paix avec l’idée selon laquelle solliciter de l’aide en cas de besoin est une force et non l’inverse. 

Enfin, je pense que l’autre peut être une source de motivation et d’inspiration dans certains cheminements. C’est ainsi que je le vois.

Mais je n’oublie pas cette fine frontière de notre psychisme, où notre estime de soi est mise en danger dès lors où nous commençons à nous comparer. 

Il est très aisé d’en venir à se blâmer et à finaliser son attention sur ce que l’on n’a pas, au détriment de toutes les aptitudes et facilités que nous avons déjà. Le piège réside dans le fait que notre perception de nous-même, mais aussi celle que l’on a de l’autre, est bien souvent erronée. Nous basons l’entièreté de notre personne sur une infime partie de ce que l’autre nous renvoie. Si je reste dans le cas de la danse, il y a tant d’éléments propres à chacun ,que nous oublions de prendre en compte lorsque nous nous comparons : les années d’expérience, le rapport culturel, le mode de vie et j’en passe. On se retrouve embarqué dans une spirale où l’on en vient même à oublier l’essentiel; ce qui nous rend uniques, notre valeur et notre principal moteur : notre pourquoi; pourquoi nous faisons ce que nous faisons.

Savez-vous ce qui vous rend unique ? Connaissez-vous votre valeur ou encore votre pourquoi ? Avez-vous déjà pris le temps de répondre à ces questions sur vous-même ?

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